La mise en œuvre d’une relation coéducative entre l’école, les familles et l’ensemble des partenaires éducatifs, à parité d’estime, est un véritable levier pour la réussite des élèves et l’amélioration du climat scolaire. Sur le terrain pourtant, elle s’avère parfois difficile et subsistent bien des malentendus à lever de part et d’autre.

Pourquoi l’École doit-elle ouvrir la porte aux parents ? Comment définir les rôles de chacun ? Avec Catherine Hurtig-Delattre, Mathieu Gillot et Betty Duvacher, cet épisode « Parlons pratiques ! » pose les enjeux d’une véritable coéducation et met l’accent sur des exemples d’expériences réussies et inspirantes, à la portée de chaque enseignant, de la maternelle au lycée.

Les inspirations des invités :

  • Dulala, association qui favorise la diversité des langues pour l’égalité des chances et lutter contre les discriminations.
  • Dolan Xavier, J'ai tué ma mère, 100 min, 2009.


La transcription de cet épisode est disponible après les crédits.

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Extra classe, des podcasts produits par Réseau Canopé.

Émission préparée et animée par : Hélène Audard et Régis Forgione

Réalisée grâce à l'appui technique de : Laurent Casagrande, Simon Gattegno, Steven Pravong et Hervé Turri

Remerciements à l'Atelier Canopé 49

Directrice de publication : Marie-Caroline Missir

Coordination et production : Hervé Turri, Luc Taramini, Magali Devance

Mixage : Simon Gattegno

Secrétaire de rédaction : Blaise Royer

Contactez-nous sur : contact@reseau-canope.fr

© Réseau Canopé, 2022


Transcription :

RÉGIS FORGIONE : « Je n’ai jamais tous les parents. C’est long. Ils s’ennuient, et moi aussi. Les parents de tel élève ne viennent à aucune rencontre. » Quel enseignant ne s’est jamais fait ce type de réflexion après une réunion parents-profs ?

HÉLÈNE AUDARD : Oui, c’est un moment pas toujours satisfaisant pour les uns comme pour les autres. Et pourtant, c’est un moment-clé de la rencontre entre l’école et les familles. D’ailleurs, les études montrent que la mise en œuvre d’une véritable coéducation est un levier pour la réussite des élèves et pour l’amélioration du climat scolaire.

RF : Mais sur le terrain, ce n’est pas si simple. Il y a pas mal de malentendus à lever de part et d’autre.

HA : Pourquoi et comment l’école doit-elle ouvrir la porte aux parents ? Comment définir les rôles de chacun ? Est-ce que la coéducation s’arrête aux portes des établissements ?

RF : Aujourd’hui, dans « Parlons pratiques ! », on se penche sur les enjeux de la coéducation. Avec Catherine Hurtig-Delattre, Betty Duvacher et Mathieu Gillot, qui vont nous parler d’expériences réussies et, inspirantes, à la portée de chaque enseignant néanmoins, de la maternelle au lycée.

HA : Catherine Hurtig-Delattre, bonjour.

CATHERINE HURTIG-DELATTRE : Bonjour.

HA : Vous êtes chargée d’études à l’Institut français de l’éducation (Ifé), au centre Alain-Savary, depuis 2018. Vous avez été enseignante, mais aussi formatrice, coordinatrice éducation prioritaire et directrice d’école maternelle. Vous avez coordonné l’ouvrage qui vient de paraître chez Réseau Canopé, Coéducation. Des clés pour une responsabilité partagée.

RF : Mathieu Gillot, bonjour.

MATHIEU GILLOT : Bonjour.

RF : Vous êtes professeur de lettres au lycée général de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. C’est bien ça ?

MG : Oui, tout à fait.

HA : Et Betty Duvacher, bonjour.

BETTY DUVACHER : Bonjour.

HA : Vous avez été directrice d’école maternelle à Angers et, depuis cette année, vous êtes directrice en école élémentaire à Ancenis, en Loire-Atlantique.

BD : C’est ça.

RF : Alors on se lance tout de suite dans le vif du sujet. On va essayer dans un premier temps de comprendre pourquoi, malgré une volonté affichée et sincère sans doute de tous les acteurs, la coéducation reste difficile à mettre en œuvre. On pourra partir d’un constat, Catherine Hurtig : tout le monde veut la réussite de ses enfants ou de ses élèves. L’institution préconise et encourage la coéducation. Mais les pratiques au quotidien ne sont pas toujours satisfaisantes. Parfois, ce sont les parents qui sont dits trop peu présents. Parfois ce sont les enseignants qui sont un peu mal à l’aise sur la place à donner aux parents dans la relation éducative. Bref, on l’espère fortement… C’est souvent une arlésienne. Il y a un paradoxe derrière ça. Est-ce que vous auriez des éléments autour de cette question, Catherine Hurtig ?

CHD : Oui, alors, en effet, c’est tout à fait ce qu’on constate sur le terrain : à la fois une préoccupation de tout le monde et à la fois souvent des insatisfactions. Alors, il y a plusieurs explications à ça. La première est historique, puisqu’en fait l’école républicaine de Jules Ferry ne s’est pas construite avec les parents, mais bien plutôt contre les parents. Dans une France rurale, une France très catholique, on a construit l’école avec les valeurs républicaines, sans se soucier finalement du point de vue des familles. Et ce n’est que petit à petit que l’institution a demandé à l’école de s’ouvrir vers les familles, en même temps que la société a évolué dans sa façon de concevoir l’éducation, avec l’idée, effectivement, que cette mutualisation est intéressante. Donc ça demande tout un changement de paradigme, mais qui, pour les professionnels, n’est vraiment pas facile. C’est la première raison. Elle est historique.

Une autre raison est fonctionnelle, c’est-à-dire que les enseignants, dont la première mission est d’abord de s’occuper de leurs élèves – et pas des parents de leurs élèves –, n’ont pas forcément beaucoup de temps ou beaucoup de formation ou beaucoup d’organisation concrète pour faire de la place à cette coéducation.

Et puis, une autre raison encore tient à la complexité même de la coéducation, qui est faite à la fois de porosité – partageons nos points de vue – et de frontière, puisque chacun a bien ses missions, son travail et sa manière de travailler, sa liberté aussi. Donc, c’est quelque chose qui n’est pas simple et il faut s’y atteler. Mais comme on va le voir, c’est extrêmement riche aussi.

HA : Là, ce que vous dites, [c’est qu’]il y a une évolution relativement lente, mais une évolution néanmoins dans les dernières années. Et puis il y a eu un événement qui est l’épisode de la continuité pédagogique. Qu’est-ce que ça a changé ? Est-ce que ça a changé quelque chose ? Est ce qu’on peut le dire déjà aujourd’hui ?

CHD : Oui. Alors effectivement, pendant cet épisode dit « continuité pédagogique », les parents ont été amenés à finalement faire l’école à la maison ou, en tout cas, à suivre les activités scolaires à la maison de manière beaucoup plus intense. Et les enseignants ont été amenés à collaborer beaucoup plus avec les parents, qui étaient des intermédiaires – d’autant plus que les enfants étaient très jeunes. Alors, il y a eu effectivement beaucoup de découvertes mutuelles dans ce moment-là, et beaucoup de phénomènes de connaissance/reconnaissance qui laissent des traces, ou en tout cas, on espère qu’elle va laisser des traces.

RF : Mathieu Gillot, vous avez été amené à réinterroger les pratiques des relations avec les parents. Vous allez nous en dire quelques mots. Mais quel était au départ votre sentiment sur cette relation avec les parents, le déroulement des fameuses réunions parents-profs que je singeais un peu en lançant cette émission.

MG : Le souvenir de la première rencontre avec des parents lors d’une rencontre parents-professeurs est un énorme stress à gérer en tant qu’enseignant pour savoir que dire au premier parent qui allait arriver, parce qu’une absence totale de formation à ce sujet. Et puis après on fait comme les autres et on prend des habitudes, mais toujours une insatisfaction à présenter des résultats ou des comportements des enfants en classe à des parents qui parfois demandent autre chose. Donc c’est ce constat-là. En plus des réunions parents-professeurs de début d’année, où on voit toujours les mêmes parents venir à ces réunions. Et une absence des deux tiers des parents d’élèves d’une classe pour cette première réunion de septembre.

HA : Et vous avez été auparavant en lycée professionnel, en collège, si je ne me trompe pas. Aujourd’hui vous êtes en lycée – donc en lycée, vous voyez peut-être encore moins les parents, c’est peut-être encore plus difficile de les « capter ». Dites-nous un peu ce que vous avez mis en place, comment, et pourquoi.

MG : Alors, en fait, je me suis inspiré de la pratique de Catherine au niveau des entretiens individuels. Mais, le changement, c’est que je le fais par téléphone. Dans les quinze premiers jours de l’année scolaire, j’appelle tous les parents des élèves dont je suis le professeur principal. Et cet entretien téléphonique se fait, pour ma part, de manière vierge, c’est-à-dire que je n’ai aucune information sur l’élève. Je ne vais pas consulter le dossier scolaire de l’élève, mais j’appelle le parent pour essayer d’obtenir le plus d’informations possible sur la scolarité de l’élève et sur les éventuelles difficultés qu’il rencontre. Le faire dans les quinze premiers jours, c’est aussi ne pas avoir de jugement sur les comportements des élèves, dans le sens où, dans les quinze premiers jours normalement, un élève qui arrive au lycée ne dévoile pas grand-chose, en quelque sorte.

RF : Catherine Hurtig, Mathieu dit s’être inspiré de cette pratique des entretiens systématiques que vous avez aussi mis en place. Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ? Pourquoi ce choix systématique ? Pourquoi, par exemple, dans ce cas-là, le téléphone ? Quels sont les plus de ce type de pratique ? Et est-ce qu’on peut imaginer les mettre en œuvre à tous les niveaux de la scolarité des élèves ?

CHD : Effectivement, j’ai pratiqué pendant pas mal d’années des entretiens individuels systématiques qui consistent donc à rencontrer l’ensemble des parents, cent pour cent des parents d’une classe très tôt dans l’année. Et dans une posture ouverte de non-jugement et une posture de réciprocité, une posture d’attente, c’est-à-dire dans cette posture de l’enseignant qui dit aux parents : « Vous avez quelque chose à me dire et vous avez quelque chose à m’apporter qui va être intéressant pour moi. » Donc je l’ai mis en place effectivement à l’école maternelle, à l’école élémentaire. Et puis, j’ai été actrice d’une ressource en formation qui est publiée sur le site du centre Alain-Savary à l’IFÉ. Et j’ai eu le grand plaisir de constater que Mathieu, sans qu’on se connaisse, a utilisé cette ressource, et l’a finalement transposée au niveau du lycée où, effectivement, il y a une distance qui est normale en fonction de l’âge des élèves, et puis une distance géographique aussi – enfin une distance fonctionnelle on va dire – qui fait qu’il était plus facile de faire ça par téléphone. Mais il y a vraiment des grands points communs dans nos démarches, à savoir justement cette posture d’ouverture, de non-jugement, et ce côté systématique qui fait que les parents – les parents, par exemple, des élèves plus en difficulté – ne sont pas stigmatisés, ne sont pas mis dans une case « Nous vous rencontrons parce qu’il y a un problème. » Et puis les parents des élèves qui n’ont pas particulièrement de problèmes sont tout étonnés de voir que « Tiens, on me demande mon avis, alors que finalement on ne me l’a jamais demandé, parce qu’il n’y a pas de problème », alors qu’en fait tous les parents, en tant qu’éducateur de leurs enfants, ont quelque chose à dire aux enseignants. Je pense que Mathieu l’a vraiment constaté en rencontrant l’ensemble des parents.

HA : Mathieu, c’est quoi les questions que vous posez dans ces entretiens ? Comment vous commencez ? Comment ça se passe ?

MG : La première question, c’est bien sûr : « Comment s’est déroulée la rentrée, est-ce que votre enfant se sent bien dans l’établissement qui le reçoit ? », puisque c’est dans les quinze premiers jours. Déjà [avec] cette première question, on a parfois des parents qui sont très loquaces et qui évoquent beaucoup de choses. Les questions, comme l’a dit Catherine, sont très ouvertes. Et l’idée, c’est vraiment d’écouter surtout la parole des parents.

La deuxième question, lorsque j’accueille les élèves au lycée, c’est : « Comment s’est déroulé le collège, toute la scolarité au collège sur les quatre années du collège ? »

Et puis, en troisième point, je demande : « Est-ce que l’élève a d’autres activités que l’école, des activités sportives, artistiques ? Est-ce que ça lui prend beaucoup de temps dans sa scolarité ? »

Et puis la dernière question, c’est tout simplement une question sur ce que l’élève vient chercher au lycée général : « Pourquoi est-il venu au lycée général ? Est-ce qu’il a des projets pour l’avenir ? », des choses sur l’orientation. À travers ces questions, au final, surtout, j’écoute.

HA : Catherine ?

CHD : Oui, je voulais rebondir sur un élément qui me semble très important dans ce que vient de dire Mathieu : il place le parent comme expert de son enfant. Souvent, un professeur de lycée… Je ne connais pas très bien le lycée, mais il me semble que si un élève, par exemple, a des difficultés en début de seconde, on va éventuellement regarder son dossier du collège pour savoir ce qui s’est produit. Et on va plutôt s’adresser aux professionnels [et passer] un coup de fil au CPE ou au principal de l’ancien collège : « Qu’est ce qui se passe avec cet élève ? » Alors que là, c’est le point de vue fondamentalement subjectif, on l’assume, du parent : comment, lui, il voit la scolarité de son enfant pendant le collège ? Et ce point de vue subjectif, il représente une expertise, et quelque chose qui peut être intéressant pour le professeur qui, bien sûr, va prendre ses distances avec ce récit, mais qui va le considérer comme quelque chose qui a une valeur. Et ça c’est vraiment, je trouve, extrêmement important et c’est un des fondements de la coéducation.

RF : Betty Duvacher, de votre côté, vous êtes en maternelle. On va évoquer un peu plus loin dans l’émission votre pratique effective autour de la coéducation. Mais on s’imagine, peut-être naïvement, qu’en maternelle, comme on voit les parents tous les jours, tout est plus simple. Est-ce que vous pourriez nous dire quels obstacles, au contraire, ou quelles difficultés vous constatez au niveau de cette coéducation ?

BD : Effectivement, c’est ce à quoi je pensais quand on a évoqué la réunion de rentrée. Alors c’est vrai qu’ils ne sont pas plus nombreux sur la réunion de rentrée. Mais on a une relation qui est quand même fondamentalement différente. En tant que directrice, j’ai eu l’occasion de rencontrer les parents au moment de l’inscription. J’ai déjà répondu à pas mal de leurs questions, de leurs préoccupations, parce qu’ils vont nous confier ce qu’ils ont de plus cher. En inscrivant leur enfant à l’école, ils deviennent aussi parents d’élèves. Ils étaient parents jusque-là. Et c’est vrai que déjà on entame un parcours main dans la main avec les parents. Mais ça n’empêche pas que nous aussi, on avait mis en place, sans avoir connaissance des entretiens individuels de Catherine, des rencontres programmées avec tous les parents, [pour] les enfants qui nous interpellent dès la petite section et [pour] ceux qui fonctionnent bien, ceux qui parlent bien, qui s’expriment bien, qui ont déjà une posture d’élève. Et donc c’était dans le cadre du projet d’école. Quand on voulait remettre le fameux livret de compétences, on avait instauré ces rencontres individuelles.

HA : Tout à l’heure, vous parliez d’un modèle cloisonné, finalement, où « chacun son job », d’une certaine façon. Et la coéducation a du mal peut-être à se trouver entre les deux. Mais vous [le] disiez aussi, c’est une démarche exigeante. Finalement on peut se demander [si] les parents et les enseignants n’ont pas plus à perdre à rentrer dans cette démarche-là. Est-ce que ce n’est pas finalement assez inconfortable ?

CHD : Effectivement, c’est une démarche exigeante qui peut être inconfortable, mais qui est extrêmement riche et qui correspond également à une évolution de notre société qui, à mon sens, est vraiment au bénéfice de l’enfant. L’enfant, finalement, quand il grandit, a affaire à beaucoup d’adultes. Il se rend bien compte que tous ces adultes [n’agissent pas de la même façon]. À commencer par un petit enfant qui va chez ses grands-parents et qui voit que les grands-parents n’agissent pas de la même façon que les parents par exemple. Et l’enfant va avancer avec ces différents adultes et il a tout bénéfice à voir que ces adultes ne disent pas forcément tous la même chose, mais communiquent entre eux, se parlent et sont enrichis mutuellement chacun par la parole de l’autre. Ça n’empêche pas que ça reste chacun son job. L’enseignant n’a pas le même rôle que le parent, mais quand l’enseignant et le parent se parlent, quand l’animateur de périscolaire parle avec l’enseignant ou quand l’éducateur parle avec le surveillant par exemple, tous ces métiers qui vont se parler, ça sera vraiment au bénéfice de l’enfant et de l’élève.

RF : Je vous propose qu’on écoute un témoignage, le témoignage de Marie Verkindt, qui est membre d’ATD Quart Monde. On sait qu’il y a des parents dont la parole est rarement entendue, voire écoutée. Ce sont ceux qui sont en grande précarité. Et ATD Quart Monde fait vraiment un travail remarquable à ce titre pour faire de ces parents de véritables partenaires de la coéducation. On a demandé son regard sur cette question à Marie Verkindt, dans les Hauts-de-France, où elle a mené une démarche intitulée « École famille, quartiers ensemble pour la réussite de tous les enfants ». Elle n’a pas pu être avec nous en direct, mais on tenait vraiment à ce qu’elle puisse être présente et nous avons donc recueilli un témoignage de sa part au téléphone.

[Extrait du témoignage de Marie Verkindt]

« Beaucoup de monde veut en effet cette coéducation. Mais si on veut qu’elle soit vraiment fructueuse et qu’elle donne aux parents vivant dans la grande pauvreté la possibilité d’être une personne ressource, en effet, il y a des petits obstacles qu’il faudra lever. Alors le premier défi, c’est que souvent, on nous dit : « Ces parents-là, ils ne participent pas. » En effet, c’est difficile de faire de la coéducation sans leur participation. Et donc là, le petit conseil – enfin, ce qu’on a essayé, nous –, c’est de se poser la question : à l’échelle du territoire, qui a déjà leur confiance et qui pourrait nous aider à les faire participer ?

Deuxième obstacle, c’est que souvent on pense qu’il suffit de rassembler enseignants et parents éloignés de l’école autour d’une même table et d’être bienveillants pour obtenir leur parole et leur vraie pensée. Et on a fait le constat que si les parents ne possèdent pas un temps de préparation en groupe de pairs – c’est-à-dire entre eux, tous ceux qui ont un peu cette expérience difficile avec l’école – pour développer leur pensée personnelle puis leur pensée de groupe, [leur] parole va être très vite diluée au milieu des paroles des autres, transformée. Et donc, on essaye souvent de résister à ce contact direct qui nous est demandé très régulièrement.

Et dernier petit conseil que je me permettrais de donner, c’est par rapport au fait que la coéducation c’est bien une action de coconstruction. Mais souvent on se heurte à une difficulté de départ du côté des parents et une autre du côté des enseignants. En effet, les parents qui veulent à tout prix garder leur rôle de premier éducateur de leurs enfants estiment parfois que le rôle des enseignants se limite à l’instruction. Dans ce cas-là, difficile de coéduquer. Mais une autre difficulté vient du côté des enseignants qui, eux, pensent qu’avec les actions de coéducation, en fait, seuls les parents doivent changer de point de vue par rapport à l’école parce que, par exemple, ils comprendraient mieux le fonctionnement de l’école. En fait, tout le monde doit changer grâce à la coéducation et, par exemple, peut-être vaut-il mieux ne pas penser que si les parents ne viennent pas à la réunion de rentrée, ce n’est pas qu’ils se désintéressent de l’école. Parce que ces parents savent bien que l’école reste une voie privilégiée pour rendre possible ce qu’ils veulent pour leur enfant, c’est-à-dire qu’ils vivent une vie meilleure qu’eux-mêmes. »

[Fin de l’extrait]

HA : Catherine Hurtig-Delattre, on entend dans ce témoignage ces fameux malentendus. Et puis finalement, on a l’impression que parents et enseignants ne parlent peut-être pas de la même chose. Donc c’est peut-être le moment de vous demander : la coéducation, qu’est-ce que c’est et ça concerne qui ?

CHD : En effet, la coéducation, c’est un processus de mutualisation et de mise en commun, de partage entre les différents acteurs qui entourent un enfant. Et ce n’est pas un processus où on est censés se mettre d’accord en fait ou aller forcément vers la même chose, puisqu’il est normal qu’on n’ait pas forcément les mêmes idées. En tout cas, on est dans une société qui n’impose pas un modèle d’éducation unique. Donc, il y a plusieurs façons d’élever un enfant, de la même façon que les enseignants ont plusieurs façons aussi de s’y prendre d’un point de vue pédagogique.

Donc, on va avoir une grande variété de postures, une grande variété d’idées. Et la coéducation, c’est cette mise en commun, ce partage. Donc, effectivement, c’est quelque chose de compliqué. On le voit très bien dans le témoignage de Marie d’ATD Quart Monde, qui effectivement nous a beaucoup apporté pour mieux comprendre ce qui se passe du côté des familles.

Je voudrais ajouter que tout ce qu’elle a dit est vraiment quelque chose qui est montré également par les recherches en sociologie. Un certain nombre de chercheurs, comme Pierre Périer, Xavier Conus, Chloé Riban, [sont allés] voir sur le terrain ces fameux parents dits invisibles, qui ne viennent pas à l’école. Ils les ont écoutés et leur ont donné la parole, de la même façon qu’ATD l’a fait. Et on retrouve ces mêmes obstacles.

RF : Betty Duvacher, de votre côté, c’est le moment de nous évoquer un peu comment vous entrez en contact avec les familles, le rôle de la communication. Et, je crois, vous utilisez particulièrement des outils numériques notamment.

BD : Alors la ville d’Angers a mis à notre disposition l’espace numérique de travail e-primo, qui dispose d’un portail public sur lequel on peut déposer des informations à destination de toutes les familles – que ce soient les horaires, les vacances, un lien vers la restauration scolaire – et un espace sécurisé qui permet aux familles de l’école d’accéder à des informations plus spécifiques et donc avec un système d’applications type blog [ou] cahier multimédia qui permet d’échanger sur la vie de l’école, de donner à voir ce que nous faisons dans les classes et d’interagir, d’échanger avec les familles.

RF : Et c’est vraiment un échange sortant-entrant ? Parce que quand on pense blog, on pense surtout à une classe qui publierait des choses à destination des parents. Est-ce qu’il y a une rétroaction de la part des parents via ces voies numériques ?

BD : C’est vrai que moi, je l’ai expérimenté spécifiquement en petite section avec des parents très demandeurs, très en attente d’avoir des informations, parce que même si ce sont des jeunes parents qui ont quitté l’école récemment, la petite section est déjà loin pour eux. Et donc ils ont envie de savoir ce que font leurs enfants.

Et effectivement, on a eu des retours. Alors, pas en quantité, pas forcément très importants, mais qualitatifs, avec des échanges à la porte de l’école, avec du lien créé, et puis aussi des retours sur les articles qu’on postait. Et puis j’ai utilisé cet outil pour échanger, mais aussi comme outil pédagogique en classe.

HA : Catherine Hurtig, la communication, l’information, c’est un des piliers de la coéducation, parmi d’autres ?

CHD : Oui, tout à fait. L’information et la communication sont extrêmement importantes, et les deux exemples de dispositifs mis en place par Mathieu et Betty, le montrent bien. C’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’informer, mais il faut aussi penser à comment on informe, à comment on s’y prend et à comment l’information passe.

Mais effectivement, ça ne suffit pas. Ça doit être également mis au quotidien avec l’accueil des parents et la manière dont on leur fait passer ce message à chaque fois qu’ils se présentent à l’établissement. Et puis également les conditions du dialogue – qu’on voit à travers les entretiens – et la place qu’on donne à leur parole. C’est vraiment très présent aussi dans ce que nous a dit Marie. Il ne suffit pas de leur parler, de leur expliquer ce qu’on fait, mais également d’écouter ce qu’ils ont à nous dire, qui n’est pas forcément ce qu’on attend, ce qu’on a pensé à l’avance. [Il faut] donc se laisser surprendre aussi par leur point de vue, parce qu’il va pouvoir nous enrichir.

RF : Mathieu et/ou Betty, en préparant cette émission, pour ne rien cacher, j’ai découvert une notion grâce à Hélène, qui est la parité d’estime, c’est-à-dire un des grands principes qui guident la coéducation. Est-ce que vous pouvez nous dire ce que vous mettez derrière cette notion, [dans] les termes et la pratique ? Peut-être en commençant par Betty ?

BD : Alors c’est vrai que l’utilisation de l’espace numérique de travail, c’est quelque chose qui vient, mais pas à pas en premier. On peut utiliser cet outil dès lors que la confiance est installée – pour rejoindre la notion de parité d’estime – et c’est quelque chose qui prend du temps.

Tout à l’heure, Catherine disait qu’historiquement, la coéducation était difficile à construire. C’est vrai que ça demande du temps de faire changer les mentalités. Alors avec les parents, et même déjà en interne dans l’équipe. On a eu des formations, il y a quelques années, sur le travail en partenariat avec nos Atsem [Agent territorial spécialisé des écoles maternelles], par exemple. Ça a été un début. Et puis après, en 2013, avec la mise en place des nouveaux rythmes scolaires, on a appris à travailler avec les animateurs des temps périscolaires qui s’occupent des enfants autant que nous en termes de volume horaire.

RF : Mathieu, de votre côté, [que mettez-vous] derrière cette notion de parité d’estime ?

MG : Lors de l’entretien téléphonique, je présente aussi aux parents l’idée de les inviter en cours d’année à des séances à destination des parents. Et cette première séance s’est déroulée juste avant les vacances de la Toussaint. Ce sont des séances que l’on anime pour les parents et qui ressemblent aux séances que l’on anime pour les élèves dans le cadre d’un projet interdisciplinaire. Et le thème qu’on prend en début d’année, c’est l’école. Et donc on avait une dizaine de parents, sur les vingt-quatre, qui sont venus vendredi de 17 h 30 à 19 h 30 – je vais [en] venir à la parité d’estime, vous allez voir pourquoi – et on a parlé de leur parcours scolaire.

Et nous, en tant qu’enseignant, on s’est prêtés au jeu, c’est-à-dire qu’on a aussi raconté notre parcours scolaire en tant qu’élèves. On était trois enseignants, on a fait les mêmes activités que les parents. Et puis, on leur fait vivre un peu ce que vivent leurs enfants en classe. On leur présente la même séance de travail et on leur explique pourquoi on fait nos choix.

HA : Catherine, on parle de parité d’estime, mais on sait aussi que les positions ne sont pas symétriques. Elles ne sont pas forcément équilibrées entre les enseignants, qui représentent un peu l’institution, et les parents, qui ne sont pas forcément à l’aise avec ça. Et puis, là on est très centrés sur le scolaire, mais il y a aussi d’autres acteurs dans la coéducation.

CHD : Effectivement. La notion complète, c’est même l’asymétrie à parité d’estime. Mathieu vient de nous décrire une situation dans laquelle, de manière exceptionnelle, on a mis un petit peu parents et enseignants sur un pied d’égalité pendant un moment où ils ont partagé leurs expériences. Donc c’est extrêmement fécond. En même temps, dans l’ensemble de la vie quotidienne, nous ne sommes pas du tout à égalité. C’est vraiment une situation d’asymétrie, dans le sens où les uns sont des professionnels qui ont un certain parcours d’études, qui ont un cadre [reconnu] dans l’institution, bien sûr. Et puis, d’un autre côté, les parents avec leurs expertises parentales, qui est à un tout autre niveau, qui est pleine d’affect et c’est normal. Et puis qui ont une grande diversité, bien sûr, de parcours, avec certains qui vivent dans une grande précarité, comme l’a dit Marie.

Donc finalement, cette situation, elle ne vise pas l’égalité entre les acteurs, mais elle vise – quand on dit parité d’estime – à s’estimer mutuellement, chacun dans sa compétence. Et c’est vraiment une posture qui est extrêmement puissante et qui amène vraiment à accepter de communiquer, tout en acceptant qu’on ne soit pas des égaux.

RF : Vous voulez réagir Betty ?

BD : Oui, c’était plus pour revenir sur les échanges. Vous me demandiez tout à l’heure s’il y avait un retour par rapport à ce qu’on postait sur le blog. Et c’est vrai que les parents ne s’autorisent à répondre que lorsqu’ils se sentent en confiance et dans un environnement sécurisé. Parce que ce n’est pas simple de mettre un commentaire quand on ne maîtrise pas forcément l’orthographe de la langue française.

Cette confiance se construit [dès] l’inscription où on a des échanges, où on répond à leurs préoccupations très pratico-pratiques. Sur l’école Descartes, à Angers, on avait mis en place une réunion d’accueil fin juin pour répondre aux questions, administratives principalement, avant le départ en vacances. Et puis, fin août, on organisait une matinée portes ouvertes où les parents venaient avec leur enfant découvrir la classe dans un contexte privilégié, puisqu’on n’était pas en charge d’élèves. On avait testé auparavant sur un temps de classe, pour donner à voir le climat de la classe. Et on n’en était pas satisfaites. On a mis en place cette matinée pour les accueillir. Et finalement la relation se crée dans le temps, dans la durée, en multipliant les rencontres plus ou moins formelles, que ce soit sur un temps de réunion ou un temps d’échange individuel.

HA : Mathieu, il y a des effets aussi sur la longue durée, sur l’année, [de] ce premier rendez-vous. Betty parle des parents qui « s’autorisent », est-ce que c’est quelque chose que vous constatez aussi ?

MG : Oui, bien sûr. L’appel des quinze premiers jours, au final, ouvre la porte à la confiance, à la relation de confiance entre parents et enseignants. Et j’invite les parents à me contacter par l’ENT [environnement numérique de travail] du lycée. Mais, comme l’a très bien dit Betty, écrire, s’autoriser à écrire à un professeur de lycée, ce n’est pas forcément quelque chose que tout le monde peut s’autoriser à faire. L’effet, [on le voit] parfois sur les autres entretiens dans l’année, au niveau de l’orientation ou si des problèmes scolaires sont amenés à être discutés avec les parents : le parent va être, il me semble en tout cas, beaucoup plus apte à y répondre et à venir cette fois-ci à un rendez-vous avec une présence physique. Et donc il y a un travail qui se fait beaucoup plus facilement, je pense, que sans ce premier appel et sans cette discussion ouverte avec les parents.

RF : Betty, vous voulez réagir ?

BD : Oui, c’était juste pour ajouter que, effectivement, on y parvient, mais ça demande – je vais le redire – du temps. Sur quinze années [que j’ai] passées à la direction de cette école, on a réussi à construire cette relation de confiance avec les parents. D’où l’intérêt d’avoir des équipes relativement stables. C’est qu’il y a toujours du renouveau parmi les collègues, donc ça apporte du sang neuf, mais c’est bien aussi quand il y a une certaine stabilité.

RF : Betty, vous dites [que] ça demande du temps, on comprend que ça demande aussi de la formation. On a l’air de sous-entendre parfois que la coéducation, ça fait partie du métier. Mais comme tout, ça ne se décrète pas, ça demande de la formation. Catherine Hurtig, ces compétences, comment peut-on les acquérir ? Est-ce qu’il y a de la formation continue, de la formation initiale autour de cette coéducation ? Est-ce que c’est quelque chose de déjà bien intégré dans la formation ? Ou alors, est-ce qu’il y a d’autres pistes si on veut se former ?

CHD : Effectivement, la compétence sur la coéducation fait partie maintenant du référentiel de compétences de l’ensemble des métiers du professorat. C’est relativement assez récent. Et il y a un texte de 2013 qui définit la coéducation comme faisant partie intégrante du métier. Pour autant, ce n’est pas encore vraiment rentré dans les mœurs de la formation.

Ça tient aussi à la formation initiale qui, vous le savez, est assez malmenée et beaucoup trop courte, à mon sens en tout cas. Les enseignants ont énormément de choses à apprendre, quel que soit le niveau pour lequel ils se préparent. Et il est évident que la relation avec les parents n’est pas centrale dans la formation initiale. Il existe aussi un certain nombre d’outils, notamment par exemple des parcours sur magistère. Mais c’est vrai qu’en formation initiale, ça reste un petit peu marginal.

Il existe également de la formation continue. On a de plus en plus de demandes dans les circonscriptions. Malheureusement, souvent dans les circonscriptions, les conseillers pédagogiques, par exemple, [ou] les inspecteurs sont appelés pour « éteindre le feu » quand il y a des difficultés. De plus en plus, il y a une prise de conscience qu’il s’agit de regarder en amont et de mettre en place les dispositifs avant, on va dire, qu’il y ait des incendies.

HA : Mathieu, je crois que, avant de vous lancer, vous aviez, vous, un parcours : vous étiez formé, vous-même vous étiez formateur aussi en REP. Qu’est-ce que ça a changé dans votre approche ? Est-ce que vous auriez pu vous lancer comme vous l’avez fait si ça n’avait pas été le cas, si vous n’aviez pas été sensibilisé de cette façon-là ?

MG : Tout à fait. Il me semble que la formation que j’ai reçue en tant que formateur éducation prioritaire m’a permis de me lancer et de faire vivre ces apports dans des réseaux d’éducation prioritaire avec des collègues du premier degré et des collègues du second degré, d’échanger autour de ces pratiques grâce aux vidéos, notamment [celles] de Catherine sur sa pratique des entretiens systématiques, les vidéos d’ATD Quart Monde aussi, avec les parents qui témoignent – des parents qu’on entend très peu en formation d’enseignants : entre pairs et entre professionnels, on parle beaucoup des parents, mais ramener le réel des parents et entendre des témoignages de parents, c’est assez rare. Et ces vidéos-là m’ont permis de prendre conscience d’à quel point l’école devait, en quelque sorte, faire le premier pas vers les parents. Parce que ces témoignages de parents montrent que les parents sont très respectueux des enseignants, parfois trop respectueux, et n’osent pas aller vers les enseignants.

HA : Vous avez commencé déjà à nous en donner quelques-unes : on va passer à cette partie de l’émission qui concerne les inspirations. On vous demande de partager avec nous quelque chose. Ça peut être très divers. On est curieux de savoir ce que vous allez nous proposer. Betty, peut-être, pour commencer ?

BD : De continuer à m’autoformer. Parce qu’effectivement, ce que disait Catherine, le volume horaire consacré à la formation continue est limité. On a le choix de dix-huit heures de formation et on n’a pas toujours la possibilité d’aller sur ces domaines-là. Et donc, c’est vrai que je vais continuer à me documenter, à m’inscrire à des congrès – comme [à celui auquel] j’avais pu participer en 2019 avec l’ICEM [Institut coopératif de l’école moderne]. Et puis continuer à lire et à éclairer ma pratique de la recherche.

HA : Merci Betty. Catherine, une proposition d’inspiration de votre côté ?

CHD : Alors moi je voudrais parler d’un site qui s’appelle le site Dulala, qui signifie « D’une langue à l’autre » – le site de l’association Dulala, plutôt – un site qui est spécialisé dans la question du plurilinguisme. On a assez peu évoqué cette question. Il y a en France énormément de familles qui parlent différentes langues, qui parlent aussi le français ou parfois pas. Mais en tout cas, il y a une richesse du plurilinguisme. Et ce site-là propose énormément de ressources pour aborder effectivement le plurilinguisme comme étant quelque chose de très riche et qui va nous permettre de mieux communiquer avec les parents. Voilà, c’était donc ce que j’avais envie de mettre en valeur.

HA : Le plurilinguisme, qui est un sujet que nous avons abordé dans Parlons pratiques ! [#13 Le plurilinguisme, une chance pour l’École], donc j’invite à aller regarder du côté de la page Extra classe. Mathieu, pour une inspiration également ?

MG : Je vais faire un petit pas de côté. C’est un extrait de l’un des premiers films de Xavier Dolan, J’ai tué ma mère, où c’est une maman qui reçoit un appel du directeur de l’école où elle a scolarisé son fils qui a 17 ans et qui a fugué de l’école. Et on voit ce directeur dire à cette maman que ça serait bien qu’il y ait une présence masculine pour gérer un peu les émotions de son enfant. Et cette maman qui s’énerve fait penser à des parents qu’on appelle malheureusement « démissionnaires » [alors qu'elle] ne démissionne pas du tout. Mais [elle] crache tout son venin au directeur en lui expliquant qu’il n’avait pas à lui faire de leçon sur le fait qu’il ait une présence masculine ou pas et qu’il ferait mieux de s’occuper des enfants qui fuguent de son établissement, parce qu’il n’est même pas capable de les retenir. Voilà, donc, toute cette frontière entre une maman et un directeur qui est dans ce petit extrait qu’on peut trouver, il me semble, sur YouTube.

RF : Merci à tous les trois pour ces partages d’inspiration. C’est l’heure de la conclusion. Donc vous imaginez bien que si je retiens trois mots, c’est « parité d’estime asymétrique ». On garde cette notion un petit peu paradoxale, mais j’espère qu’on a pu donner à voir, grâce à vous trois, le quotidien des pratiques de la maternelle au lycée. C’était l’ambition de cette émission. Merci à tous les trois d’y avoir participé.